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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

bre l’avait fournie, ou la hache de silex taillée par éclats. Cependant des Carnivores gigantesques hantaient encore, avec lui, les noires forêts d’érables et de conifères. Il était nu, au milieu d’un monde armé et cuirassé de toutes pièces, cerné, petit et débile, par des énormités dévorantes. La nature avait sans doute détruit, en partie, à coups de cataclysmes, les monstres conçus dans le rut sauvage de sa formation ; le Saturne des âges chaotiques avait dévoré ses enfants. L’Ichtiosaure, muni de cent quatre-vingts dents, qui roulait des yeux larges comme les roues d’un char ; le Plésiausaure, qui dardait d’une carapace de tortue un cou long comme un boa déroulé ; le Ptérodactyle, amalgame horrible de reptile et de chauve-souris ; le Dinothérium, éléphant géant, aux défenses recourbées en bas comme celles des lamantins et des morses ; toutes ces créatures encombrantes et incohérentes avaient disparu avec les terrains qui les supportaient et les climats qui les faisaient vivre. Mais d’autres animaux, contemporains de l’homme, étaient survenus : les uns, d’une construction presque aussi massive ; les autres, cent fois plus redoutables, ne se repaissant que d’êtres vivants, au lieu de brouter l’herbe et l’algue. C’étaient le Mammouth velu, le Rhinocéros aux narines cloisonnées, les grands Félins dont les tigres et les lions actuels ne sont que des bâtards amoindris, l’Ours de sept