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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

C’est dans la Théogonie et dans les Travaux et les Jours d’Hésiode, que le Prométhée grec apparaît pour la première fois. Il est absent de l’Iliade et de l’Odyssée, Homère n’a pas prononcé son nom. Dans la Théogonie, Prométhée se retrouve, pour ainsi dire, en famille. Par des transitions dont toute trace s’est perdue, il s’est élevé, de l’état de fétiche, au rang de héros et de demi-dieu : mais il habite encore une Mythologie tout aryenne. Chez Hésiode, comme dans le Rig-Véda, le Soleil et l’Air, le Feu et l’Eau, la Foudre et les Vents transparaissent sous les noms sacrés qui les désignent, sans les personnifier tout à fait. Des épithètes se détachent, comme des fragments d’astres, de ces divinités essentielles, et forment, à leur tour, des êtres divins. Les attractions cosmiques, les fusions des éléments et des choses sont naïvement figurées par des milliers de mariages, d’incestes, d’adultères que la chimie moderne renouvelle dans ses cornues, tous les jours. Les éruptions des volcans, les tremblements de terre, les torrents des eaux diluviennes prennent la stature énorme des Géants, les cinquante têtes des Typhons et les cent bras des Hécatonchires, pour déchaîner