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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

inanimé et muet. Zeus le toucha, et il se fit chair. Ses veux s’ouvrirent au jour comme des fleurs écloses, la voix chanta sur ses lèvres comme un oiseau matinal. Les dieux et les déesses vinrent, par ordre du maître, lui faire leurs présents funestes. Pallas-Athéné la revêtit d’une tunique blanche ; elle ajusta sur son front un voile transparent, et la ceignit d’une guirlande de roses printanières. Aphrodite versa lu volupté sur ses membres, et elle alluma dans son sein « les désirs qui lassent les jeunes corps». « Hermès » — dit le vieux poète dont les idées sur la femme sont celles de l’Oriental qui l’enferme comme une belle bête malfaisante, — « lui inspira l’impudence de la chienne, et les mœurs furieuses, les flatteries et les perfidies ». Les Grâces posèrent sur ses tempes une couronne d’or, diadème royal et bestial, où le forgeron divin avait ironiquement ciselé « tous les animaux que nourrissent la terre et la mer ». Quand la Femme fut accomplie, les dieux s’étonnèrent de leur œuvre, ils n’avaient pas cru si bien faire. — « L’admiration les saisit dès qu’ils eurent vu cette belle calamité. C’est d’elle que sort la race des femmes femelles, le plus cruel fléau qui soit parmi les hommes mortels ; car elles s’attachent non à la pauvreté, mais à la richesse. » — Hésiode est le rural primitif dans toute sa rudesse, l’homme de méfiance et d’épargne,