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ESCHYLE.

philosophique, un concert d’accords et de variations infinies, ce fut là son instinct natif, son inépuisable aptitude. Son imagination ressemblait à ces fontaines enchantées d’où l’on retire chargé de broderies féeriques, le rameau nu qu’on y a trempé. Chacun de ses dieux naît du point lumineux d’un astre, d’une motte du sol, d’une vague marine, d’un météore de l’atmosphère, et il n’exprime d’abord que ce phénomène isolé. Mais bientôt des métamorphoses harmonieuses, des liaisons d’idées pour nous aujourd’hui presque insaisissables, des jeux d’idéalité et de fantaisie pareils à ceux qui développent l’arabesque, compliquent la personnalité du dieu primitif. Ses attributs physiques se prolongent en qualités morales, ses fonctions se multiplient les unes par les autres, ses épithètes se transforment en légendes nouvelles. La nuée que le vent modèle et décompose en tous sens, le ton du ciel et de l’eau que l’heure rehausse ou dégrade, n’ont pas de nuances plus changeantes, d’aspects plus divers.

Qu’est-ce que le crépuscule ? Le passage du jour à la nuit, de la nuit au jour. Hermès devient donc le dieu des transitions, des amalgames, des échanges. Messager céleste, il précède les dieux et il les annonce ; ambassadeur aérien, il porte leurs messages et leurs paroles aux mortels. Le trait d’union étincelant de son vol relie l’Olympe à la terre. Deux