Plus tard Adonis se fond dans Bacchus devenu presque aussi féminin que lui : on ne les discerne guère plus l’un de l’autre : même langueur et même air de mort.
Tout expurgé qu’il fût, ce culte morbide d’Adonis ne resta pas moins fatal à la Grèce ; il énerva et fondit les mœurs. Ses parfums recélaient des miasmes de peste, l’air des harems s’insinua avec lui dans les gynécées. Ce fut une de ces nouvelles dévotions mystiques et lubriques qui corrompent l’encens des plus purs autels. — Un jour, les Adonies consternèrent Athènes. À la veille de la fatale expédition de Sicile, au moment où les trirèmes appareillent, où la fortune de la cité s’embarque sur elles, des chants funèbres gémissent par les rues, les portes ouvertes se couvrent de reposoirs portant l’effigie d’un mort. On s’émeut et on s’interroge : c’étaient les dévotes d’Adonis qui célébraient ses obsèques. Athènes fut toute troublée par ce sinistre présage. Pallas, du haut de l’Acropole, dut brandir sa lance, et tourner des yeux sévères vers ses indignes filles, larmoyant sur un Mignon asiatique, tandis que le destin de la patrie s’agitait.
C’est sous l’influence de cette Théoxénie (comme les bons citoyens appelaient avec mépris ces idolâtries étrangères), prêchée et propagée par l’Orphisme, que Bacchus-Zagreus entra dans les Mystè-