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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/57

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GRANDEUR ET DÉCADENCE DE BACCHUS.

luxure. Des Phallophories effrénées entrent à sa suite dans le sanctuaire pollué ; des représentations obscènes et sanglantes, qui miment la « passion » et les amours incestueux du dieu, s’y étalent. L’Éros des haras et des étables, le bestial Priape qu’on disait fils de Bacchus et d’Aphrodite, y paraît sous la figure d’un nain monstrueusement conformé. La profanation de ces beaux mystères rappelle ces légendes chrétiennes, où l’on voit Satan, en vêtements sacerdotaux, parodier les cérémonies de l’Église, sur les ruines d’une sainte abbaye.

VI

Ce qu’était l’esprit de ces Mystères dépravés, contenu en Grèce par la douceur des mœurs, on peut en juger d’après l’affreux scandale qui éclata à Rome, au deuxième siècle avant Jésus-Christ. Le Bacchus mystique avait rapidement conquis l’Italie ; il y était entré par les coteaux brûlants de la Grande-Grèce, couverts de ses vignes. Ses confréries secrètes s’étendaient jusqu’en Étrurie. Transplanté chez une race plus dure, qui versait à flots le sang dans ses jeux, le dieu reprit ses instincts féroces, son mauvais génie se réveilla brusquement. Ce ne fut pas seulement la lie, mais le venin de sa coupe qu’il fit boire