de ses représentations une fête nationale, le grand jour des Grandes Dionysies. Les poètes y luttaient dans des concours solennels. Au lieu du bouc, prix des jeux rustiques, une couronne ou un trépied étaient décernés au vainqueur. Le drame devient alors une des vocations du génie d’Athènes ; il se jette sur le théâtre comme sur une conquête. Les précurseurs et les novateurs se succèdent ; Chérilos, qui vécut assez pour concourir, presque centenaire, avec Sophocle déjà célèbre, écrit les chants tragiques pour la première fois. Phrynicos arrive, vrai devancier d’Eschyle, illustre peut-être, si son œuvre avait survécu. Les anciens en parlent avec ravissement. — « C’est de là », dit Aristophane dans les Oiseaux, — « que Phrynicos a tiré le fruit de ses vers exquis comme l’ambroisie, et les chants si doux qu’il fait toujours entendre. » — Dans les Guêpes, il montre les vieillards se plaisant à fredonner ses refrains antiques, comme à boire un vieux vin qui les rajeunit. Génie tout lyrique et bachique encore, Phrynicos se vantait d’avoir dans l’esprit autant de figures de danses, « qu’une nuit orageuse soulève, pendant l’hiver, de vagues sur la mer ». Inventeur pourtant comme Thespis, il n’en était pas moins ouvert aux idées nouvelles. Ce fut lui qui divisa le Chœur en deux files ; l’acteur eut désormais deux auditoires au lieu d’un blâmé par un groupe,
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NAISSANCE DU THÉÂTRE.