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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/38

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CONTES DU JONGLEUR

trente blessures, profondes et cruelles. Mais il défendit qu’on touchât à la tunique : il la voulait garder telle qu’il l’avait quittée, sanglante, en lambeaux.

L’écuyer retourna vers la dame, lui conta tout et l’exhorta fort à récompenser le chevalier qui, pour l’amour d’elle, s’était mis en si grand péril. « Il a conquis le prix du tournoi, répétait-il, mais tout son corps est tellement percé de plaies qu’il n’a plus qu’un souffle de vie. » — « Hélas ! se disait la dame, s’il mourait, je serais coupable de sa mort. C’était le moins parleur et le plus sincère des trois. »

Elle envoya souvent son écuyer auprès du blessé, fit payer toutes ses dépenses et lui accorda son amour.

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