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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/59

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LE LAI D’ARISTOTE

maître et s’est interdit de rejoindre son amie. Mais son désir n’en est pas diminué : depuis qu’il ne la voit pas, plus que jamais il l’aime. En abandonnant la douce habitude, il n’a pas abandonné le souvenir, qui sans cesse le hante. Il revoit le clair visage, le front poli comme cristal, la jolie bouche entr’ouverte au sourire ou s’offrant au baiser, la tête blonde, le beau corps, et tant de grâce et tant de volupté !

« Ha ! soupire-t-il, en quelle infortune tous ces gens vont me faire vivre ! Mon maître veut que je bataille contre mon propre cœur ; des volontés étrangères m’asservissent et me torturent ! Mais je suis un sot : c’est folie de vivre douloureusement au gré d’autrui. Mon maître et mes

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