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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/83

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LE LAI DE L’OISELET

aux aguets : il grimpe à l’arbre et, brutal, saisit le doux chanteur. « Voilà ce qu’on gagne a vivre chez les vilains ! » se dit l’oiselet ; puis, empruntant le langage de l’homme, il ajouta : « Vous avez mal agi en me prenant : quelle rançon espérez-vous ?

— J’aurai du moins tes chants : tu vivais à ta fantaisie, il faudra obéir à la mienne maintenant.

— Le partage n’est pas égal. J’avais pour mes libres plaisirs la campagne, le bois, la rivière, le pré ; j’étais seigneur du chêne et du brin d’herbe, de la rose et des vastes frondaisons ; maintenant je vais être en cage : jamais plus je n’aurai de joie. Je vivais de trouvailles à l’aventure ; maintenant, comme au prisonnier dans sa

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