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Page:Pauthier - Le Ta-Hio, ou la Grande Étude, 1832.djvu/5

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§ IV. Les anciens princes[1] qui désiraient rendre à sa pureté primitive et remettre en lumière dans tout l’empire la vertu (ou la faculté vertueuse) que nous tenons du ciel, s’attachaient d’abord à bien gouverner leurs provinces ; — désirant bien gouverner leurs provinces, ils commençaient par bien administrer leurs familles ; — désirant bien administrer leurs familles, ils commençaient par orner leur personne (c’est-à-dire par se corriger eux-mêmes) ; — désirant orner leur personne, ils commençaient par rectifier leur cœur (ou principe intelligent) ; — désirant rectifier leur cœur, ils commençaient par purifier (litt. :

    en naissant constitue le fondement, la cause ou la racine ; — la rénovation du peuple constitue les rejetons ou les effets. — Connaître la fin ou le but auquel on doit tendre, constitue le commencement ; — pouvoir atteindre ce but, constitue la fin. — La racine, le commencement, sont ce qui précède, = les antécédens ; les rejetons et la fin, sont ce qui suit, = les conséquens. Voilà le sens logique des deux propositions du texte ci-dessus. » Tchou-hi.

    Le Tao ou la Suprême Raison de ce paragraphe est cette faculté rationnelle abstraite, divinisée par le philosophe lao-tseu, qui en a fait le type et la règle de toutes les actions de l’homme ; un être enfin revêtu des plus hauts et des plus profonds attributs de la divinité, qui anime le monde et agit dans tous les êtres. Le caractère qui représente cette intelligence abstraite signifiait primitivement voie, chemin, voie droite, règle de conduite, principe normal ; ensuite parole, parler. Dans Confucius et chez les philosophes de son école, ce mot signifie proprement voie droite, règle de conduite, principe normal des actions. On pourra voir dans notre traduction du Tao-te-king *, ou livre du Tao, = de la Raison suprême et de la Vertu par Lao-tseu, la nouvelle acception de ce mot qui peut être assimilé au λόγος des pythagoriciens, des platoniciens et des stoïciens.

    * Cette traduction, accompagnée du texte chinois, et d’un très-grand nombre de commentaires chinois traduits, formant 1 fort vol. in-4o, a été présentée, il y a plus de quatre mois, à une commission établie à l’Imprimerie royale, pour en autoriser l’impression aux frais du gouvernement.

  1. Confucius dans ce paragraphe enseigne par la voie de l’énumération, après avoir posé les principes, quelles sont les choses qui doivent être rationnellement entreprises avant les autres pour parvenir au but déterminé, et quelles sont celles qui leur succèdent dans l’ordre logique ; quels sont les antécédens et les conséquens, les racines et les branches ou rejetons. Il ne faut pas perdre de vue cette manière de procéder.