Page:Pavie - Notice sur les travaux de M. Eugène Burnouf.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

NOTICE


SUR


LES TRAVAUX


DE M. E. BURNOUF.





La fin du dernier siècle et le commencement de celui-ci ont vu naître et grandir une pléiade d’hommes éminents qui ont fait faire aux sciences d’observation d’immenses progrès. Il semblait qu’un même esprit les animât ; aussi, bien qu’ils marchassent dans des voies diverses, leurs découvertes ont-elles été également glorieuses. Les uns ont fouillé du regard l’intérieur du globe que nous habitons ; ils en ont arraché les débris épars d’animaux à jamais perdus, pour les recomposer, évoquant ainsi après tant de siècles les témoins de l’époque antédiluvienne. Les autres ont reconnu et indiqué avec pression les rapports qui lient entre eux tous les êtres sortis de la main de Dieu ; ils ont rendu plus sensible encore la toute-puissance du Créateur qui se manifeste avec une grandeur égale dans tout ce qu’elle produit. D’autres enfin se sont appliqués à faire revivre des civilisations, des systèmes religieux et philosophiques des langues même dont le souvenir s’effaçait ; ils ont pris pour l’objet de leurs études, l’homme lui-même dans les signes visibles de sa pensée et dans ses rapports avec les sociétés dont ils interrogeaient les ruines. Ces travaux de reconstruction, fruit d’une observation attentive, ils les ont parfois marqués de l’empreinte du génie. Ressusciter ce qui n’est plus, fixer l’ensemble des tais en vertu desquelles se produisent les phénomènes qui nous étonnent, n’est-ce pas créer ?

M. E. Burnouf appartenait à ce groupe de savants éminents chez qui l’érudition n’était que l’auxiliaire de la pensée. Comme eux, il