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était doué d’un esprit généralisateur ; ses travaux, dont aucun peut-être n’est complètement achevé, se distinguent tous par cette profondeur de connaissances et par cette largeur de vues qui marquent les œuvres durables. Nous voudrions en donner une idée, nous voudrions montrer du doigt le lien qui les unit dans leur variété et faire comprendre comment M. E. Burnouf, dont l’imagination sensible et vive fut de bonne heure saisie par le charme des études orientales, en aborda sans hésiter les problèmes les plus difficiles et les résolut avec une supériorité et un éclat qui frappèrent de surprise le monde savant. Cette tâche est bien au-dessus de nos forces. Si nous osons nous en charger, malgré notre insuffisance, c’est que nous cédons au désir de rendre un dernier hommage au maître vénéré dont nous avons eu si longtemps l’honneur d’être le disciple.


I.


M. E. Burnouf naquit à Paris le 8 avril 1801. Il eut le rare bonheur d’être initié aux études classiques par son père, M. J.-L. Burnouf, le savant auteur de la grammaire grecque. Après avoir suivi avec distinction les cours du collège Louis-le-Grand, il entra à l’École des Chartes en 1822, puis se fit recevoir deux ans plus tard licencié ès lettres et licencié en droit. À cette époque, il cultivait déjà le sanscrit, dont quelques savants étrangers, et son père, l’un des premiers, avaient signalé les affinités avec le grec et le latin. Cette langue antique de l’Inde était alors professée par M. de Chézy, esprit fin et sagace, qui suppléait à force de grâce et de tact à ce qui lui manquait peut-être du côté de la force et de l’élévation. Au début d’une science, un maître comme M. de Chézy, est utile surtout en ce sens qu’il sait attirer et fixer sur la langue et la littérature qu’il enseigne, l’attention des gens de goût. Parmi ceux qui reçurent de lui les premières leçons de sanscrit, on remarque MM. Burnouf père et fils[1], M. Langlois, membre de l’Institut, à qui l’on doit la publication du Harivança et la traduction du Rig-Véda, M. Loiseleur Deslongchamps, le traducteur de Manou, mort à la fleur de l’âge.

  1. Sur le titre du Yadjnadattabadha, autographié et publié par M. de Chézy, en 1826, on lit ces mots : Et suivi par forme d’appendice d’une traduction latine littérate, par J.-L. Burnouf, un de ses anciens auditeurs, aujourd’hui son collègue au collège de France…