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Lorsque M. de Chézy mourut, en 1833, la chaire qu’il laissait vacante fut dévolue à M. E. Burnouf. Déjà le jeune savant s’était exercé au professorat en faisant, à l’École normale, un cours de grammaire générale, dont il n’est resté que des cahiers précieusement conservée par les élèves. À peine investi de ses nouvelles fonctions, M. E. Burnouf donna la mesure de ses forces dans un discours d’ouverture ou il résumait ainsi le programme de ses études à venir « C’est l’Inde avec sa philosophie et ses mythes, sa litttérature et ses lois, que nous étudierons dans sa langue. C’est plus que l’Inde, c’est une page des origines du monde, de l’histoire primitive de l’esprit humain que nous essayerons de déchiffrer ensemble…… C’est en nous une conviction profonde qu’autant l’étude des mots, s’il est possible de la faire sans celle des idées, est inutile et frivole, autant celle des mots considérés comme les signes visibles de la pensée, est solide et féconde. Il n’y a pas de philologie véritable sans philosophie et sans histoire. L’analyse des procédés du langage est aussi une science d’observation, et si ce n’est pas la science même de l’esprit humain, c’est au moins celle de la plus étonnante faculté à l’aide de laquelle il lui a été donné de se produire »[1]. Ce programme, on l’avouera, était bien vaste. Il s’en fallait de beaucoup qu’en 1833 les études orientales, en ce qui touche l’Inde, fussent arrivées au point où les ont conduites les efforts combinés des savants de l’Allemagne, de l’Angleterre, et ceux de M. E. Burnouf lui-même. L’avenir a fait connaître que le jeune professeur, animé dès son entrée dans la carrière, d’un si vif enthousiasme et d’une si généreuse ardeur, a tenu ses promesses et même dépassé le but qu’il ne pouvait encore qu’entrevoir. Il n’avait que trente-deux ans, et déjà il venait d’accomplir une œuvre considérable, dans laquelle il se montrait le rival des Schlégel et des Lassen, des Bopp et des Humboldt dont il aimait à citer les noms respectés.

Cette œuvre, c’était la première partie du commentaire sur le yaçna, qui fonda la réputation de M. E. Burnouf et attira sur lui les regards de toute l’Europe savante. Il venait de recomposer la langue zend, celle dans laquelle ont été écrits les livres attribués à Zoroastre. Ces livres, Anquetil-Duperron les avait rapportés de l’Inde au péril de sa vie, ainsi que les Védas, dont on ne connaissait

  1. De la littérature sanscrite : discours d’ouverture prononcé au Collége de France.