Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/35

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— Qui êtes-vous ? demandait mon voisin.

Je le lui dis.

— Et vous ?

Mon voisin me dit un nom que je connaissais, c’était celui d’un de mes amis d’enfance. J’étais parfaitement sûr en ce moment que cet ami et mon voisin ne pouvaient être qu’une seule et même personne.

Dans les derniers temps, j’étais possédé de l’idée fixe que j’étais un centre vers lequel convergeait tout dans l’univers entier. Lorsque je me sentais bien, je m’imaginais que le monde au delà des murs de ma prison avait de meilleurs sentiments pour moi. Maintenant, il me semblait que mon nouveau voisin ne pouvait être que mon ancien ami.

— Avez-vous une bosse ?

Mon voisin ne comprit pas le dernier mot, et me le fit répéter coup sur coup, ne me laissant même pas finir ma question.

Enfin il répéta le malencontreux mot :

— Une bosse ?

— Oui, sur…

Mais mon voisin n’écoutait plus.

Je compris ce que cela signifiait et me mis à rire. Il était évident que mon voisin me prenait pour un fou. Je lui parlais de cette bosse, parce que mon ami, qui s’appelait comme lui, avait de naissance une bosse au front. Je voulus expliquer de quoi il s’agissait, mais mon voisin se mit à battre une retraite : une, deux, une, deux. On venait