Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/69

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obligé de soulever mon matelas, de manière à pouvoir passer la nuit à moitié assis. Je crachais le sang. Je savais très bien ce que cela voulait dire, mais je n’en étais pas autrement impressionné. Je pensais apathiquement à ce qui m’attendait ; je me disais qu’une nuit le sang viendrait m’étouffer en bouillonnant et que je n’aurais plus la force de le rendre, étant trop affaibli. Puis je voyais les mains rouges me tendant en vain mon écuelle pleine au matin. Puis c’était un grand tumulte : le directeur et les soldats de service arrivent ; le factionnaire à la porte abaisse sa baïonnette, tout danger de ma part étant passé ; puis on me roule dans un drap pour m’emporter dans la cellule des morts… Mes bras et mes jambes pendent inertes à mes côtés, ma tête ballotte lourdement pendant le trajet. Puis, arrivé dans le caveau, on me jette sur une table et ma tête frappe les planches avec un retentissement sourd et lugubre…

Après cela, ma cellule est nettoyée de fond en comble et on trouve mon jeu de cartes… Le directeur accable d’injures le staroj… et lui, le malheureux, quelle peine ne se donnait-il pas pourtant en m’espionnant de jour et de nuit !…

Liberté.

Pouvant à peine soutenir ma tête qui retombait sur ma poitrine malade, je vaguais un soir dans ma cellule en tremblant de fièvre. Tout à coup, j’entendis derrière ma porte la voix de tonnerre du directeur :