Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/7

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staroj[1] s’était empressée de les effacer au fur et à mesure de leur apparition. Après beaucoup d’efforts, je parvins à en lire une : Vae victis !

Un lit se trouvait acculé à l’un des murs ; un seau dans un coin, une toute petite table, une chaise, voilà pour le mobilier.

Après avoir terminé mon inspection, je sentis tout à coup que je n’avais rien à faire. Il n’était pas plus de six heures du soir ; je me jetai tout habillé sur mon lit et me mis à réfléchir à ma position : que devais-je répondre, comment devais-je répondre aux interrogatoires ? Me retiendrait-on longtemps ici ? Serais-je condamné et puni, ou non ? Mais mon cerveau ne voulait pas m’obéir et penser… Bref, je décidai que la nuit porte conseil et je m’endormis.

Un bruit de clefs, d’éperons et de sabre traînant sur des dalles de pierre me réveilla.

Le jour n’avait pas encore paru. La porte de ma cellule s’ouvrit et un soldat entra. Il était affublé d’un gilet en drap bleu, avait une serviette sur l’épaule, et portait d’une main un bougeoir allumé et de l’autre une cuvette et un pot à eau. Dans l’encadrement de la porte se voyaient un factionnaire et un starchoi[2], muets tous les deux et immobiles comme des statues.

― Quelle heure est-il ? demandai-je au soldat en me détirant les bras.

  1. Gardien.
  2. Sous-officier.