laideur de la princesse voisine. C’était là un sujet, toujours renouvelé, de querelles entre le pauvre homme-échantillon et sa tyrannique compagne.
Les savants du Grand Laboratoire Central, par
l’intermédiaire des homuncules, c’est-à-dire des
petits êtres automatiques et insignifiants créés par
la science, envoyaient chaque jour à la femme de
nouveaux présents destinés à satisfaire ses plus
secrètes passions. On lui offrait des bottines avec
lesquelles il était impossible de marcher, des chapeaux
avec lesquels on ne pouvait voir autour de
soi, des vêtements plus petits que le corps qu’ils
devaient contenir ou des livres de philosophes
anciens, impossibles à comprendre, mais dont la
présence sur les tables environnantes flattait
l’ignorance de la femme-échantillon.
Pour favoriser également son rôle de reine des abeilles, on avait imaginé de créer dans le palais, en dehors de la chambre à coucher d’un modèle ancien, des endroits dangereux et imprévus où elle pourrait se rencontrer avec le poète : des greniers encombrés, semés de trappes, des caves romanesques où s’ouvraient des oubliettes garnies de faux et d’épées en une place que personne au juste ne pouvait découvrir dans l’obscurité.
Il y avait aussi, pour la reproduction, un buisson où l’on savait, de source certaine, que se trou-