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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

Savant absolu qui dirigeait le Laboratoire Central.

Pour maintenir l’échantillon-femme dans son état primitif, on s’était efforcé, par de laborieuses recherches, de reconstituer exactement son milieu et de mettre à sa disposition tout ce qui pouvait favoriser ses goûts séculaires, ses penchants irrésistibles.

Et tout d’abord, autour du palais qu’elle habitait, au delà des fossés, on avait établi tout un jeu de glaces admirable qui reproduisait exactement tout ce qui se faisait dans le palais et l’image des gens qui s’y trouvaient.

La femme-échantillon pouvait ainsi passer de longues heures à sa terrasse, à contempler au loin sa propre image dans l’image de son propre palais, et le soir, elle rentrait, mélancolique, racontant toutes les beautés qu’elle avait vues, jalousant avec passion cette femme si heureuse qui habitait en face un palais magnifique et qui, malgré son affreuse laideur, avait quelqu’un auprès d’elle, qui restait agenouillé toute la journée, qui l’aimait, qui s’occupait d’elle, qui ne pensait qu’à lui éviter les moindres fatigues ou les plus petits chagrins. Et le poète, qui avait passé des journées entières aux pieds de la femme sans pouvoir éveiller son attention et sans oser interrompre sa rêverie, protestait un peu pour la forme lorsqu’il était question de la