se préserver des intempéries, pour se tenir à couvert, les habitations d’autrefois devenaient également inutiles. Il suffisait de mettre le corps matériel à l’abri, et l’on construisit pour cela une immense cité que l’on appela la Maison des Corps. Quant au symbolisme ancien de la langue parlée, des livres et des œuvres d’art, il devenait également sans utilité avec la transmission de pensée, beaucoup plus rapide et plus complète que le grossier langage hiéroglyphique des siècles passés qui limitait les idées aux mots.
Si j’en excepte la Maison des Corps, dernier vestige des nécessités matérielles d’autrefois, notre monde, au temps de la grande renaissance idéaliste, reprit donc, petit à petit, l’aspect qu’il pouvait avoir au temps de la préhistoire et j’avoue que, lors de mes premiers voyages à cette époque éloignée, je m’imaginai naïvement être revenu, sans m’en rendre compte, aux âges primitifs de la terre, lorsque l’humanité n’existait pas encore.
C’est alors seulement que l’on comprit combien
étaient justes, malgré leur imprécision, les
obscures aspirations des naïfs poètes d’autrefois
qui se disaient les amants de la nature, qui trouvaient
autant de joie et d’émotion dans les objets
inanimés que dans les personnages de roman et
qui découvraient, dans les paysages, plus d’huma-