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Page:Pawlowski-Voyage au pays de la quatrieme dimension - 1912.djvu/84

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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

des idées se trouvait remplacée par une analyse quotidienne, par une critique opportuniste ; la table rase de nos convictions se transformait en table de dissection, sur laquelle se succédèrent bientôt des cadavres d’idées, tous égaux devant l’analyse.

En politique et en diplomatie ces nouveaux procédés furent de même accueillis sans difficulté et l’on ne comprit point que cette façon d’enlever toute permanence aux relations générales extérieures, en les soumettant aux critiques du moment, détruisait toute sécurité publique, et vouait les individus au fatalisme, à la neurasthénie et au dégoût de tout effort fécond et suivi.

Un bien curieux indice de protestation, à cette époque, fut ce qu’on appela l’antisémitisme.

Depuis des siècles, on le sait, les juifs vivaient, en effet, dans un état d’attente perpétuelle ; ils étaient restés au point de vue matériel, comme au point de vue moral, de simples nomades ; leur monothéisme — le seul véritable — n’était que l’expression extérieure d’une doctrine, du reste fort belle, qui accordait la première place, non pas à l’œuvre mais à l’ouvrier, non pas à la maison familiale mais à l’idée de famille. Il s’opposait, jusque-là, au paganisme occidental qui soumettait l’homme aux forces naturelles, qui le sacrifiait, au besoin, à son œuvre, à sa maison ou à sa patrie.