Page:Payen-Chevallier - Traité de la pomme de terre, 1826.djvu/95

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l'eau, qui arrive alors sur le métal à nu, se vaporise en grande abondance ; la vapeur formée, ne trouvant pas, par les soupapes de sûreté, d'assez larges issues pour se dégager en proportion de sa rapide production, augmente en peu d'instans la pression intérieure, au point de pouvoir faire éclater, avec explosion, la chaudière ou l'enveloppe des cylindres dans lesquels jouent les pistons[1] Si la chaudière est en fonte, le retrait subit, opéré par le refroidissement local, détermine une fente dans le métal, trop peu ductile pour suivre le mouvement de cette contraction rapide. De quelque manière que la chose se passe, l'accident est toujours grave ; il peut mettre en danger la vie des personnes qui se trouvent peu éloignées de la chaudière ou de la machine, et faire éprouver une perte plus ou moins considérable, une interruption de travail plus ou moins coûteuse au fabricant.

On n'avait naguère d'autres moyens d'éviter ces accidens que de nétoyer les chaudières avant que la croûte formée fût trop épaisse ; ces nétoyages, très-fréquens dans les localités où l'on employait des eaux fortement chargées de sélénite, étaient en outre fort pénibles ; car les dépôts, en général, très-durs et adhérons, ne pouvaient être enlevés qu'en frappant à coups répétés, avec un outil tranchant et aciéré, sur toute la surface, qui en était recouverte. Une observation, due au hasard, fit cesser ces graves inconvéniens : un ouvrier, chauffeur d'une chaudière à vapeur, ayant un jour vidé les cylindres bouilleurs, tandis qu'ils étaient encore très-échauffés, mit dans l'un d'eux des pommes de terre pour les y faire cuire ; quelques circonstances accidentelles lui firent oublier ces tubercules, et, le lendemain, les cylindres furent lûtés

  1. D'après un correspondant du Methanic's magazine, on prévient aussi ce dépôt en introduisant dans les chaudières des petites sphères en marbre (tilles), ou des radicules de blé malté qu'on recueille dans la fabrication de la bière.