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Page:Payen - Anthologie des matinées poétiques, t. 1, 1923.djvu/10

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PRÉFACE

cette foi qui fait des prosélytes, Catulle Mendès réalisa et fit triompher ce beau projet pendant deux saisons au Théâtre de l’Odéon. Il fut, dans la direction et l’organisation de ces séances, puissamment secondé par le poète Gustave Kahn, dont la présence à ses côtés était pour les poètes et le public une garantie de l’éclectisme qui doit toujours présider à l’établissement de pareils programmes. Contraints par les circonstances de quitter l’Odéon, Catulle Mendès et Gustave Kahn se transportèrent au théâtre Sarah-Bernhardt avec un égal succès. Les matinées cessèrent… non par suite de la désaffection du public, mais parce que leurs travaux littéraires et les obligations de la vie amenèrent les organisateurs à en abandonner la direction.

Cependant Catulle Mendès, fidèle à sa foi artistique, saisissait toutes les occasions de faire revivre les matinées poétiques. En 1903, quand Armand Bour, avec sa belle ardeur, fonda le Théâtre Victor-Hugo, — aujourd’hui Trianon Lyrique, — Catulle Mendès lui conseilla de reprendre les samedis de poésie et me désigna à Armand Bour pour les organiser. Ces séances eurent lieu pendant un an au Théâtre Victor-Hugo, puis aux Bouffes-Parisiens, dont Armand Bour avait pris la direction, devant un public aussi fidèle que nombreux et avec un éclat que l’on n’a peut-être pas encore oublié. Les matinées poétiques cessèrent avec la direction d’Armand Bour… Elles ont mis dix-huit ans à venir des Bouffes-Parisiens au Théâtre-Français.

Plusieurs influences bienfaisantes se sont employées ardemment à les faire revivre. Il faut citer et louer tout d’abord M. Pierre Rameil, député des Pyrénées-Orientales, rapporteur du budget des Beaux-Arts, qui, dans ses rapports si lumineux et d’une conception si élevée au point de vue artistique, parla de l’organisation de matinées poétiques au Théâtre-Français et la demanda. Dans la maison de Molière elle-même, cette Muse magnifique et cette prêtresse fervente de la poésie qu’est la grande tragédienne Mme Weber se fit, devant le Comité,