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Page:Payen - Anthologie des matinées poétiques, t. 1, 1923.djvu/21

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Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ?
Pour son amour eut cest essoyne.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust jette en ung sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

La royne Blanche comme ung lys
Qui chantoit à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys ;
Harembourges, qui tint le Mayne,
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois bruslèrentà Rouen ;
Où sont-ilz, Vierge souveraine ?…
Mais où sont les neiges d’antan !

ENVOI

Prince, n’enquerez de sepraaine
Où elles sont, ne de cest an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan !

L’ÉPITAPHE EN FORME DE BALLADE QUE FEIT VILLON POUR LUY ET SES COMPAGNONS S’ATTENDANT ESTRE PENDU AVEC EULX

Frères humains, qui après nous vivez.
N’ayez les cueurs contre nous endurciz,
Car, si pitié de nous pouvres avez.
Dieu en aura plustost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six :
Quand de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça dévorée et pourrie,