Aller au contenu

Page:Payen - Anthologie des matinées poétiques, t. 1, 1923.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir.
Au seuil d’avril tournant la tête,
Il dit : « Printemps, tu peux venir ! »

COQUETTERIE POSTHUME

Quand je mourrai, que l’on me mette,
Avant de clouer mon cercueil.
Un peu de rouge à la pommette,
Un peu de noir au bord de l’œil.

Car je veux, dans ma bière close.
Comme le soir de son aveu,
Rester éternellement rose
Avec du kh’ol sous mon œil bleu.

Pas de suaire en toile fine,
Mais drapez-moi dans les plis blancs
De ma robe de mousseline.
De ma robe à treize volants.

C’est ma parure préférée ;
Je la portais quand je lui plus.
Son premier regard l’a sacrée,
Et depuis je ne la mis plus.

Posez-moi, sans jaune immortelle,
Sans coussin de larmes brodé,
Sur mon oreiller de dentelle
De ma chevelure inondé.

Cet oreiller, dans les nuits folles,
A vu dormir nos fronts unis.