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Page:Payen - Anthologie des matinées poétiques, t. 2, 1927.djvu/385

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MICHEL ABADIE


Michel Abadie a été un grand poète, mais il est peu de personnes qui l’aient su, hors le petit cercle d’esprits avec lequel il était en rapport et, dans le terre-à-terre des jours, c’était un humble instituteur qui habitait un village dans le Centre, où, du reste, il devait mourir, à l’âge de cinquante-six ans. Ce simple garçon s’abandonnait parfois à un génie étrange qui était celui de la poésie et, alors, on eût dit qu’il était inspiré par la mystérieuse et profonde nature, et les poèmes qui sortaient de sa plume, tout animés de la fraîcheur des choses et comme imprégnés des brumes de l’aurore, paraissaient lui être dictés par les oiseaux et les sources.

On conçoit, par ce que je dis de ce poète, qu’il devait presque forcément se rattacher à ce groupe naturiste dont il a été bien souvent parlé à la fin du dernier siècle et même dans les premières années de celui-ci et dont les idées, exploitées par d’autres, ont fécondé une bonne partie de la poésie de cette époque-là. Michel Abadie a été un naturiste, et il l’a été avec émotion, avec sincérité et avec cœur. Ce n’est nullement médire de Mme de Noailles, qui reste un poète du plus beau génie, que de mentionner que, bien avant elle, le pauvre Michel Abadie avait publié des œuvres lyriques à la gloire des eaux, de la terre et du soleil.

SAINT-GEORGES de BOUHÉLIER.

LA SOURCE

C’est, dans un coin de bois bercé de roseaux doux
Et qu’une dame habite emmi l’azur des houx,
Près d’une sente ombreuse où passent les faneuses,
Un tout petit éclat de source lumineuse.
L’hyacinthe étincelle aux bords bleus. J’y menais,
Aux bucoliques bruits des pins et des genêts.
Dans le pâle ruissellement des anémones