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Page:Pays - Lettre à un ami, Le monde illustré, 1884-08-30.djvu/4

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Si le sort y conduit tes pas,
Ô mon ami, n’éveille pas
L’écho de nos amours passées ;
Laisse les morts en paix dormir,
Laisse le gazon s’épaissir
Sur la tombe de mes pensées.

Emporte mon cœur avec toi ;
N’a-t-il pas là reçu sa foi ?
Hélas ! tout brisé qu’il peut être,
Il y reconnaîtra le lieu,
Où son baiser m’en fit l’aveu…
Elle s’en souviendra peut-être.

Peut-être aussi quelque soir
Elle y reviendra sans savoir,
Du passé soulevant les voiles,
Pleurer une dernière fois
Sur nos amours purs d’autrefois,
À la clarté d’or des étoiles.


Noël Pays.
Montréal, 20 août 1884.