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Nord. À défaut du Nord, j’avais au moins demandé l’Est. On m’a nommé à Bayonne. Un bon lycée. Je repars ce soir à huit heures quarante-cinq, par la gare du Nord. Je serai chez moi demain matin à huit heures, dimanche de Pâques. Mais il y aura du retard, à cause des fêtes. Ainsi j’ai un quart d’heure à passer avec toi, montre en main. J’ai un tas de courses à faire dans Paris, et les rues sont toujours aussi impraticables. J’avais un quart d’heure. Il me reste encore dix minutes. Et il posa sa montre sur la table.

— En dix minutes on ne peut rien dire. Ce n’est pas la peine de commencer. Nous parlerons de tes cahiers quand nous aurons le temps.

— Nous parlerons de la province et de ta classe quand nous aurons le temps.

— Aux grandes vacances, au commencement d’août, je passerai plusieurs jours à Paris.

— L’Exposition ?

— Naturellement. Ne suis-je pas provincial ? Et puis vous, les Parisiens, vous raillez, pour avoir l’air spirituels, mais vous y allez tout de même. Seulement, comme vous êtes lâches, vous faites semblant d’y aller pour piloter vos cousins. Vous êtes bien contents, d’avoir des cousins. À peine le tien, le fumiste orléanais, nous avait-il annoncé sa venue éventuelle que déjà M. Serge Basset, du Matin, avait sur le dos, depuis trois jours, son cousin Bernard, notable commerçant de Quimper-Corentin, si nous le voulons, en tout cas un cousin plus sérieux que le tien, et plus rapide.

— Que veux-tu, mon ami, le sien est un cousin quotidien et le mien n’est qu’un modeste cousin bimensuel, à peu près bimensuel.