Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/218

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cela. — Ainsi ce vieux Desbois est devenu teigneux. Écoute, ça me fait plaisir. Quand il était en Sorbonne, il esthétisait un peu. Mais ça devait se passer, parce que c’était un bon garçon, très sincère. Je suis content qu’il en soit. Quand tu le verras, tu lui donneras le bonjour pour moi. On n’aurait pas dit, dans le temps, qu’il serait des premiers à trinquer.

— Oui, et sérieusement. Il avait un recteur qui n’était pas assez teigneux. Un soir il avait osé dire au peuple que l’hypothèse de Dieu n’était pas plus intéressante que l’hypothèse du droit de propriété. Alors, tu comprends, la circulaire Leygues —

— J’entends bien. C’est vraiment un très brave garçon. Et notre camarade Léon Deschamps ?

— Il a encore été refusé à l’agrégation de grammaire. Alors il enseigne le français et l’allemand au collège de Coulommiers. C’est un bon poste. Il est près de Paris.

— Le français et l’allemand ? Mais il me semble qu’il voulait devenir latiniste. Il travaillait de préférence le latin, à l’école —

— Le français, l’allemand, l’histoire de l’art et un peu de philosophie. Toujours la culture générale.

— Cela me rappelle avantageusement un vieil ami de ma famille, un ancien instituteur, qui était devenu professeur de français et de gymnastique à la pension Vion, à Gien, Mais il y a longtemps.

— Deschamps vient à Paris de loin en loin.

— Il a tout de même plus de deux heures de chemin de fer. Je connais bien Coulommiers. J’y ai fait mes vingt-huit jours.

— Il s’est abonné à huit francs, parce qu’il n’est pas riche. Il est à dix-huit cents.