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Il ne serait pas impossible que ces journaux honnêtes, s’ils étaient bien rédigés, réussissent, conquissent de l’autorité et réagissent par leur autorité sur les autres. »

Nous savons en effet que la cité socialiste ne se fera pas sans éléments et que c’est nous qui devons, dès à présent, lui préparer des citoyens. Pour cela voici quel nous imaginons que serait, dans la société bourgeoise, un journal socialiste.

Ce journal agirait envers les bourgeois inconvertissables exactement selon les règles de la morale bourgeoise. Il agirait envers les socialistes et les bourgeois convertissables selon les enseignements de la morale socialiste[1]. Par exemple on le vendrait aux bourgeois inconvertissables exactement comme un journal bourgeois ; et on le donnerait aux socialistes et aux bourgeois convertissables, car un journal est un moyen d’enseignement, et on doit donner l’enseignement.

Ce journal serait nourri par les socialistes ; ceux-ci prendraient sur leur salaire, socialiste ou bourgeois, pour assurer le salaire socialiste des socialistes qui travailleraient au journal.

Tous les ouvriers qui travailleraient au journal, ouvriers intellectuels et ouvriers manuels, ouvriers écrivains et ouvriers compositeurs d’imprimerie, ouvriers directeurs et ouvriers protes recevraient un salaire socialiste, c’est-à-dire entre eux un salaire égal, puisqu’ils travailleraient tous de leur mieux pour le bien du journal.

  1. On pardonnera cette expression à l’inadvertance de notre ami.