trinquer. Il buvait de l’eau. Il avait l’air de faire un peu la leçon à ceux qui buvaient du vin, ou autre chose de bon. Un bon verre de vin, moi, j’ai toujours aimé ça. Il voulait nous faire lire des brochures, des livres. C’est fatigant la lecture. Il nous avait fait abonner aux revues socialistes. C’est pas amusant. Ce qui est beau, c’est quand un orateur gueule bien, comme Zévaès, et qu’il sait balancer les deux bras. Ça, c’est passionnant. C’est aussi beau que dans les Deux Gosses. Moi, j’ai vu des vrais drames J’ai vu du Victor Hugo. Mais chez soi tout seul avec un livre, c’est rasant. Ça fatigue. Mon petit cousin dépensait tout ce qu’il pouvait ramasser d’argent à nous payer des brochures. Alors il avait l’air un peu bourgeois. C’est pas ce qu’il nous faut. L’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes.
Le Groupe d’études sociales d’Orléans se réunit pour élire enfin son délégué au premier congrès général des Organisations socialistes françaises. Mon gamin de petit cousin fut élu sans grosses difficultés. Le groupe ajouta que cette élection était définitive.
Le samedi suivant, je crois, ou peu s’en faut, le groupe d’études sociales d’Orléans se réunit à nouveau pour élire enfin son délégué au premier congrès général des Organisations socialistes françaises. Mémorable séance où siégèrent jusqu’à onze membres. Et où mon étourneau de petit cousin fut dégommé, ce qui fut bien fait pour lui. Je lui avais dit de venir. Mais il n’en fit rien, comme je vais avoir l’honneur de vous le conter.
Mais il faut que je commence par vous dire que le Groupe d’études sociales d’Orléans est adhérent au Parti ouvrier français. Adhérent, ça veut dire qu’il adhère, quoi. Il tient, comme qui dirait, au Parti Ouvrier Fran-