Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/87

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selon cette idée une revue essaye de se suffire à elle-même, elle essaye de se comporter comme si elle était seule dans le monde, elle traite en ennemie et concurrente et rivale toute revue amie, ainsi qu’on la nomme alors. Étant collectiviste, j’ai pensé que les cahiers seraient ma partie dans un tout collectif, dans un ensemble ; je n’ai pas supposé qu’il n’y avait jamais eu de Mouvement Socialiste, de Revue Socialiste, et de revue blanche, ni aucune revue, ni aucun journal ; non seulement je ne les ignore pas, mais je suis fondé sur eux, je m’appuie à eux, veuillent ou non veuillent ; j’admets comme étant dit tout ce qu’ils ont dit ; je recopie les journaux, parce qu’il n’est pas facile d’en garder les coupures ; je ne recopie pas les revues, que l’on peut garder facilement. Je ne dis rien qui soit dit ailleurs, parce que cela serait inutile, et contraire à la division du travail. Je renonce à toute concurrence, imitant ainsi les relations des deux grandes revues socialistes, parce que la concurrence est bourgeoise.

La polémique, l’attaque et la défense des camarades sont un sujet très grave et sur lequel je te répondrai longuement aussitôt que je le pourrai. Tu condamnes cela : en admettant que tu sois mon juge, attends au moins que j’aie présenté ma défense. Depuis une récente affaire on admet communément que l’on ne doit pas condamner un accusé avant de l’avoir entendu en sa défense.

Il ne s’agit nullement de savoir ce que pense un camarade, parce qu’il a le loisir de penser beaucoup ; il ne s’agit nullement de faculté : il s’agit d’écouter ce que dit un camarade qui, pour un an, s’est fait le loisir de faire imprimer la vérité. Une publication périodique