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fait connaître l’empêchement absolu où il se trouve d’assister aux obsèques et en exprime tous ses regrets.

Les journaux nous ont rapporté, si j’ai bonne mémoire, que M. Gebaüer avait pu devenir le député de la deuxième circonscription d’Orléans et qu’il avait préféré continuer son métier de médecin ; une telle résolution, si les journaux disent vrai, et si je me rappelle bien, honore un homme ; M. Viger, qui était aussi médecin, je crois, à Jargeau ou à Châteauneuf-sur-Loire, et qui a préféré ne pas continuer son métier, qui a mieux aimé devenir député, ministre, sénateur, n’en devait pas moins enterrer avec tous les honneurs politiques ce médecin demeuré médecin.

Ce qui fait ici la funèbre comédie politique parlementaire, c’est que si je me reporte au Progrès du Loiret, numéro de l’avant-veille, mercredi 27 janvier 1904, annonçant la mort du docteur Gebaüer et donnant sa biographie, en un article nécrologique signé, si j’ai bien vu, de Roy lui-même, je lis que le docteur Gebaüer fut un dreyfusiste passionné, à ce point qu’en présence de la mort même il se réjouissait d’avoir pu assister au commencement assuré de la réparation judiciaire. Si le docteur Gebaüer était dreyfusiste, il était donc de ceux que M. Viger voulait faire enfumer dans leurs tanières ou fusiller.

Ces vieux républicains, que l’on enterre un peu partout aujourd’hui, et sur qui les jeunes républicains font des oraisons funèbres, appartiennent justement à cette première génération républicaine dont je parle dans mon courrier des cahiers ; c’est ce qui fait un intérêt de ces cérémonies ; ces vieux républicains eux-mêmes