Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/174

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la décadence, on ne s’est pas aperçu qu’il y avait mouvement, décadence ; notons que ces vieux républicains existent encore ; et même ils existent autant que jamais ; seulement on ne les connaît pas ; on ne les connaît pas comme enfants nous les avons connus ; nos jeunes arrivistes radicaux les méprisent, les écartent, les appellent familièrement vieilles bêtes ; et je ne sais pas si nos jeunes socialistes cultivent autant qu’ils doivent la cultiver l’amitié ancienne et précieuse de ces hommes.

Il est merveilleux de penser que ce même nom de radical, qui aujourd’hui désigne M. Delpech, a désigné jadis tant d’honnêtes gens, tant d’hommes honorables, tant de conscience, tant de dévouement, tant d’épreuves, et tant de vertus. Mais quand on y pense, il n’est pas moins merveilleux de penser que ce grand nom de socialiste, si plein de sens et déjà d’événement, et qui a désigné tant de martyrs, tant d’hommes honnêtes et honorables, tant de conscience et tant de vertus, tant de dévouement, tant de travail, désigne aujourd’hui M. Zévaès.

Nous ne devons pas plus faire porter à ces vieux républicains la peine des altérations subies par la République et le radicalisme qu’il ne serait juste aujourd’hui de nous faire porter la peine des altérations subies par le socialisme ; au contraire nous devons les honorer de ce nom de radicaux, puisqu’ils avaient tant fait pour honorer ce nom ; comme nous devons nous honorer de ce nom de socialistes, que nous n’avons rien fait pour déshonorer.

Je ne sais pas s’il y a de ces vieux républicains à nos jeunes socialistes assez de communication il serait