Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/175

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vite dit, et il serait d’un marxisme grossier, inexact, sans doute infidèle, de dire qu’après tout ces républicains étaient des politiciens bourgeois ; non, ils n’étaient nullement des politiciens ; et même qu’ils n’étaient que des républicains bourgeois ; ils étaient des ouvriers républicains ; ils ont été les ouvriers de la République ; ils attendaient tout de la République ; ce n’est pas de leur faute si, remise criminellement aux mains des politiques parlementaires, la République a fait faillite ; ils ne sont pas plus responsables de leurs politiciens que nous ne sommes responsables des nôtres.

Je ne crois pas qu’il y ait entre ces vieux républicains et nos jeunes socialistes assez de communication ; il y a entre les uns et les autres l’espace de plusieurs générations politiques ; ce qui est trop ; les hommes de ma génération seuls peuvent avoir eu, dans les toutes premières années de leur apprentissage, avec ces vieux républicains, cette communication immédiate que rien ensuite ne peut plus instituer. Ainsi ces vieux républicains sont toujours jeunes, et pourtant ils ne sont plus guère que par nous en communication avec la jeunesse révolutionnaire ; ils ne sont pas en communication directe avec la jeunesse révolutionnaire.

Que nos jeunes socialistes en croient donc le témoignage que nous apportons ; et si ne les ayant pas connus personnellement ils ne peuvent avoir pour ces vieux républicains l’amitié particulière que nous avons, ils ne doivent pas manquer de les estimer grandement ; car s’il est vrai que notre socialisme est beaucoup plus plein d’idéal, de contenu, et d’événement espéré, que leur simple République, il est vrai aussi que dans la réalité ils ont effectué, ils ont réalisé beaucoup plus que nous