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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/220

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La Fontaine ; je n’insiste pas sur toutes ces difficultés, sur toutes ces contrariétés ; je m’en tiens pour aujourd’hui à la forme même du connaissement ; la méthode ne se révèle pas dans toutes les œuvres modernes partout avec une aussi haute audace ; elle ne fait pas dans toutes les œuvres modernes partout l’objet d’une aussi manifeste déclaration que dans cet éminent La Fontaine ; elle est ailleurs plus ou moins dissimulée, plus ou moins implicite ; mais c’est essentiellement, éminemment, la méthode historique moderne, obtenue par le transport, par le transfert direct, en bloc, des méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire ; l’auteur, en bon compagnon, commence par faire son tour de France ; il ferait son tour du monde, s’il était meilleur compagnon ; et quand il a fini son tour du pays, il commence l’autre tour, afin de ne point tomber par mégarde au cœur de son sujet, il commence le tour le plus cher à tout historien bien né, le tour des livres et des bibliothèques ; avec ce tour commencera le paragraphe deux.

« En tout cas, il y a un moyen de s’assurer de ce caractère que nous prêtons à la race. La première bibliothèque va vous montrer s’il est en effet primitif et naturel. Il suffit d’écouter ce que dit le peuple, au moment où sa langue se délie, lorsque la réflexion ou l’imitation n’ont pas encore altéré l’accent originel. Et savez-vous ce que dit ce peuple ? ce que La Fontaine, sans s’en douter, redira plus tard. »…

Sans s’en douter vaut un certain prix. « Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. »