Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/222

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sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait.

Le bonhomme avait prévu tout cela ; il en avait prévu bien d’autres ; il avait, croyons-le, nommément prévu Taine ; il savait qu’un faisceau est plus et autre que la somme arithmétique des dards ; il savait que l’homme est plus et autre que la somme arithmétique des sections, qu’un livre est plus et autre que la somme arithmétique des chapitres ; séparer les éléments du faisceau, c’est le meilleur, c’est le seul moyen de rompre ; mais dans l’histoire il ne s’agit pas de rompre la réalité, de briser son auteur, de fracturer son texte ; il faut les rendre, les entendre, les interpréter, les représenter ; on me permettra de citer sur une édition non savante :

Un vieillard près d’aller où la mort l’appeloit,
Mes chers enfants, dit-il, (à ses fils il parloit),
Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble.