Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/305

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tateur ; et même ce vieux peuple roi était plus royal, plus roi, plus fait à son métier que ce jeune héritier d’une relativement jeune dynastie ; l’année avait été lourde, pénible, malheureuse pour tout le monde ; moi-même je portais sur la nuque toute la lourdeur de cette énorme sixième série ; dont on n’a pas fini de m’entendre dire qu’elle était énorme ; j’avais les yeux noyés d’avoir lu tant d’épreuves ; l’énorme cahier de la Séparation, quelque travail énorme, et quelque dévouement que l’auteur y eût apporté lui-même, j’entends travail de fabrication, sans compter l’autre, naturellement, m’avait laissé abruti, à ce qu’il me semblait, pour le restant de mes jours ; mais quelle fatigue résisterait à la fréquentation de tout ce peuple amusé, vaillant, courageux de ce courage qui consiste à recommencer perpétuellement tous les matins. Les vieux trois huit enfin réalisés.

Le seul peuple qui apparaisse dignement comme un roi dans les anciens monuments de ses grandes cérémonies.

Nous aussi nous recommencerons perpétuellement tous les matins ; tous les matins de tous les rapides jours ; et toutes les rentrées, qui sont les matins assombris des plus longues années ; singulier jeu des climats, répartition antithétique des dates, qui fait que les matins des jours brefs se lèvent sur le jour grandissant, sur les aubes et sur les grandissantes aurores, et que les rentrées, au contraire, qui sont pourtant les matins des années, faux matins, fausses matinées de journées fausses, au contraire se lèvent sur les diminutions, sur les pluies, sur les obscurcissements des automnes.