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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/318

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juin, je proclamerai qu’il est, comme on nous le fait dire, le Hugo de cette génération.

Plus présent encore le bourdon, et plus retentissant dans les poèmes où il n’est pas nommé, dans les poèmes de rythme, quand c’est le rythme même et le rythme seul qui sonne aujourd’hui le glas, et demain le tocsin ; puissantes et singulières inventions de rythmes ; maisons de résonances, bâtiments de musiques, monuments de sons, puissantes et singulières bâtisses, constructions qu’il aimait entre toutes ; mêmes Châtiments ; livre II, ii ; au peuple :

Partout pleurs, sanglots, cris funèbres.
Pourquoi dors-tu dans les ténèbres ?
Je ne veux pas que tu sois mort.
Pourquoi dors-tu dans les ténèbres ?
Ce n’est pas l’instant où l’on dort.
La pâle Liberté gît sanglante à ta porte.
Tu le sais, toi mort, elle est morte.
Voici le chacal sur ton seuil,
Voici les rats et les belettes,
Pourquoi t’es-tu laissé lier de bandelettes ?
Ils te mordent dans ton cercueil !
De tous les peuples on prépare
Le convoi… —
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Quelle exacte reconstitution de cloches, du bourdon, par le rythme, par la rime, par les assonances et par les consonances, par tout le mouvement, par toute la strophe et par tout le couplet ; par l’architecture, par le