Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/321

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Il avait raison de savoir son métier. Tant d’autres ne le savent pas, qui n’ont point son génie. Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,

et demain le tocsin,
quand de tels vers, si impérieux, si commandeurs, si puissants, remontent à la surface, envahissent la mémoire, le chemin est tout fait pour qu’ils remontent jusqu’aux lèvres ; il faut donc obéir à la poussée intérieure, militaire mécanique, de la mémoire ; il faut réciter ces vers qui montent, ces couplets qui viennent, ces strophes qui reviennent, tout ce Hugo militaire, somptuaire, cérémoniel et triomphal qui remonte.

Bons vers, mauvais vers, platitudes ou abondances, marquetteries et chevilles, au moins il savait dessiner son rythme, celui-là il savait faire ses strophes et construire ses périodes ; il savait ses couplets.

Il faut donc réciter ces vers qui vous reviennent, il faut donc s’en aller bras dessus bras dessous, récitant du Hugo, et quand l’un s’arrête, l’autre, qui sait plus outre, étant bibliothécaire et ainsi conservateur de poèmes, l’autre continue. Et c’est le même poète en deux mémoires, en deux amitiés, en deux mémoires amies.

Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,
et demain le tocsin,

C’est ce même bourdon qui aujourd’hui sonne aux oreilles de ce même peuple pour la venue de ce roi. Aujourd’hui bourdon de joie, d’amusement et de fête. Demain, bourdon de quoi ? Bourdon qui rend le même