Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/327

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siècle, entre Waterloo et les Châtiments, et, au contraire, que nous touchons aux Châtiments. Et pourtant il y a plus de cinquante ans, aujourd’hui presque cinquante-trois ans, de ces Châtiments à nous. Les quatre-vingt-dix ans, presque le siècle, qu’il y a entre Waterloo et nous, nous les voyons entre Waterloo et les Châtiments, autant, pour ainsi dire, vraiment autant qu’entre Waterloo et nous ; et entre les Châtiments et nous, nous ne voyons rien ; cela tient peut-être en partie à l’étonnante longévité de Hugo : nous avons vu sa mort ; nous voyons pour ainsi dire sur le même plan, j’entends sur le même plan de date, sur le plan de la date de cette mort, toute son œuvre, au moins depuis le commencement de son duel contre Napoléon III ; depuis le commencement de sa représentation républicaine ; cela tient peut-être aussi en partie à ce que les Châtiments ont fait ou fortement contribué à faire notre éducation républicaine primaire, et que nous avons une tendance à considérer tout le passé récent sur le plan de la date de notre première enfance, où nous avons commencé à connaître.]

Il n’y a pas un poème de paix réussi dans toute l’œuvre de Victor Hugo ; j’entends un poème de paix militaire, sociale, nationale ou internationale ; de paix pacifique ; et encore moins de paix pacifiste ; le seul poème de paix réussi qu’il y ait dans toute l’œuvre de Victor Hugo, mais on peut dire qu’il soit réussi, celui-là, est un poème de paix biblique, patriarcale, nocturne, puisque c’est Booz endormi.

Demander à la guerre, aux militaires, premièrement des cortèges comme ils peuvent seuls en donner, deu-