Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/390

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Illégale, aussi, a été trouvée notre demande de diminuer le nombre des heures de travail jusqu’à huit heures par jour ; d’établir le prix de notre travail ensemble, avec nous, et de notre consentement ; d’examiner nos malentendus avec l’administration subalterne de nos usines ; d’augmenter le salaire des manœuvres et des femmes jusqu’à 1 rouble par jour ; de supprimer les travaux supplémentaires ; de nous donner des secours médicaux attentifs et sans nous outrager ; d’aménager nos ateliers de façon à ce que nous puissions y travailler et non pas trouver notre mort par les terribles courants d’air, les pluies et les neiges. Suivant nos patrons, tout se trouvait illégal : toute notre demande était un crime, et notre désir d’améliorer notre situation, — une insolence, outrageante pour nos patrons.

ὅς γ᾽ ἐξέλυσας, ἄστυ Καδμεῖον μολὼν,
σκληρᾶς ἀοιδοῦ δασμὸν ὃν παρείχομεν,
καὶ ταῦθ᾽ ὑφ᾽ ἡμῶν οὐδὲν ἐξειδὼς πλέον
οὐδ᾽ ἐκδιδαχθείς, ἀλλὰ προσθήκῃ θεοῦ
λέγει νομίζει θ᾽ ἡμὶν ὀρθῶσαι βίον ·

toi qui (du moins) délias, venant dans la ville de Kadmos, le tribut de la dure chanteresse, que nous fournissions, et cela ne sachant rien de nous de plus, ni n’en ayant été enseigné, mais c’est par une assistance divine que l’on dit et que l’on pense que tu nous dressas notre vie ;

Sire ! nous sommes ici plus de 300.000, et tous hommes seulement par les apparences, par l’aspect ; en réalité, on ne nous reconnaît aucun droit humain, pas même le droit de penser, de nous réunir, d’examiner nos besoins, de prendre des mesures pour améliorer notre situation. Quiconque parmi nous ose élever sa voix pour la défense des intérêts de la classe ouvrière est jeté en prison, envoyé en exil. On punit chez nous, comme un crime, un cœur bon, une âme