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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/391

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compatissante. Avoir pitié d’un homme opprimé, torturé, sans droits, — c’est commettre un crime très grave.

νῦν τ᾽, ὦ κράτιστον πᾶσιν Οἰδίπου κάρα,
ἱκετεύομέν σε πάντες οἵδε πρόστροποι
ἀλκήν τιν᾽ εὑρεῖν ἡμίν, εἴτε του θεῶν
φήμην ἀκούσας εἴτ᾽ ἀπ᾽ ἀνδρὸς οἶσθά του ·

et maintenant, ô tête d’Œdipe sur toutes (ou sur tous) la plus puissante, nous te supplions tous, que voici tournés vers toi, de nous trouver une force de secours, soit ayant entendu la voix de quelqu’un des dieux, soit que tu saches de quelque homme ;

Sire ! cela est-il conforme aux lois divines, par la grâce desquelles tu règnes ? Et peut-on vivre sous de telles lois ? Ne vaut-il pas mieux mourir, mieux pour nous tous, travailleurs de toute la Russie ? Que les capitalistes et les fonctionnaires seuls vivent donc, et qu’ils se réjouissent. Voilà ce qui est devant nous, Sire, et c’est ce qui nous a rassemblés près des murs de ton palais. C’est ici que nous cherchons notre dernier salut. Ne refuse pas la protection à ton peuple ; sors-le du tombeau de l’arbitraire, de la misère et de l’ignorance ; donne-lui la possibilité de disposer de son propre sort ; délivre-le de l’oppression intolérable des fonctionnaires ; détruis le mur entre toi et ton peuple, — et qu’il gouverne le pays avec toi. Car tu règnes pour le bonheur du peuple, — et c’est ce bonheur-là que les fonctionnaires nous arrachent des mains : il n’arrive pas jusqu’à nous ; nous ne recevons que la souffrance et l’humiliation.

ὡς τοῖσιν ἐμπείροισι καὶ τὰς ξυμφορὰς
ζώσας ὁρῶ μάλιστα τῶν βουλευμάτων.

car je vois même les conjonctures vivre des hommes d’expérience (ou par les hommes d’expérience)