Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/401

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ταύτην ἔπραξα· παῖδα γὰρ Μενοικέως
Κρέοντ᾽, ἐμαυτοῦ γαμβρόν, ἐς τὰ Πυθικὰ
ἔπεμψα Φοίβου δώμαθ᾽, ὡς πύθοιθ᾽ ὅ τι
δρῶν ἢ τί φωνῶν τήνδε ῥυσαίμην πόλιν.
Καί μ᾽ ἦμαρ ἤδη ξυμμετρούμενον χρόνῳ
λυπεῖ τί πράσσει· τοῦ γὰρ εἰκότος πέρα
ἄπεστι πλείω τοῦ καθήκοντος χρόνου.
Ὅταν δ᾽ ἵκηται, τηνικαῦτ᾽ ἐγὼ κακὸς
μὴ δρῶν ἂν εἴην πάνθ᾽ ὅσ᾽ ἂν δηλοῖ θεός.

Œdipe

Ô enfants lamentables, désirant des choses connues et non inconnues, vous êtes venus à moi. Car je sais bien que vous êtes tous malades, et étant malades, comme moi il n’y a pas un de vous qui soit malade également. Car votre douleur à vous va vers un seul un en ce qui le concerne lui-même, et nulle personne autre, mais mon âme gémit sur la cité, et sur moi, et sur toi ensemble.

Mon âme gémit, mon âme pleure sur la cité, et sur moi, et sur toi ensemble : nous avons ici toute parfaite et dans toute sa pureté la formule même des lamentations antiques. Il ne se sépare point de la cité, ni de son interlocuteur. Le supplié antique, lui-même suppliant, supplié des hommes, suppliant aux dieux, ne se sépare point du suppliant inférieur. Le supplié antique, lui-même suppliant du deuxième degré, ne se sépare point du suppliant du premier degré. La supplication englobe l’un et l’autre, et nul citoyen, fût-il prêtre, fût-il roi, ne se sépare de la cité, comme nul