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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/459

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rons à défendre les libertés polonaises, et toutes les libertés de tout le monde, mais tout simplement et tout tranquillement, si je puis dire, sur les bords de la Meuse. Ils finiront par découvrir ce que nous avons connu d’une saisie toute immédiate, parce que nous ne sommes pas des politiciens : que plus que jamais la France est l’asile et le champion de toute la liberté du monde, et que toute la liberté du monde se jouera aux rives de Meuse, aux défilés d’Argonne, ainsi qu’aux temps héroïques, à moins que ce ne soit aux rives de Sambre, ainsi qu’au temps d’une révolution réelle, — et veuillent les événements que ce soit Valmy ou Jemmapes, — ou à quelque coin de la forêt de Soignes, — et veuillent les événements, si ce doit être un Waterloo, que ce soit au moins un Waterloo retourné.

Jaurès et Hervé aujourd’hui nous opposeraient en vain que Bebel a parlé justifiant leur attitude. Le seul fait que Bebel a parlé avec un an de retard, un an plus tard qu’il ne devait, dans des circonstances, dans une situation générale et sous la menace d’événements où une minute avait son prix, le seul fait que Bebel a pu sensiblement se taire pendant toute une année montre assez combien cette intervention de Bebel est spontanée, intérieure, significative, efficace. Deuxièmement cette protestation de Bebel n’est qu’un discours de plus, un discours parlementaire de plus, et n’a aucune valeur que la valeur, si l’on peut dire, d’un discours politique parlementaire ; en tout pays ; en Allemagne moins que partout ailleurs ; il n’arrêterait pas plus l’invasion de la menaçante catastrophe, si même il pouvait l’arrêter autant, qu’un discours de Jaurès en France n’arrêterait des événements véritablement graves. Enfin, dans le