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texte même des paroles sur qui s’est appuyé Jaurès dans la séance d’interpellations du vendredi 8, je retrouve cette bonne vieille duplicité de Bebel, cette éloquence allemande qui florissait dans les congrès internationaux.

« Écoutez un dernier avertissement », aurait dit Bebel, cité par Jaurès à la tribune française. — J’emprunte ce texte au Matin du lendemain matin samedi 9 ; mais c’est un texte marqué si nettement qu’il ne peut pas y avoir de variantes considérables. — « Écoutez un dernier avertissement. Jusqu’ici l’ouvrier allemand a défendu la patrie allemande, mais, si vous continuez à en faire une patrie de servitude, il se demandera s’il vaut la peine pour lui de défendre cette patrie. »

Telle n’est point, telle n’est nullement la question : la question est tout autre. Nous ne demandons point que Bebel fabrique, imite et importe en Allemagne un hervéisme allemand qui fasse le pendant de l’hervéisme français. Ce n’est point de l’opposition, du balancement de ces deux hervéismes que nous attendons un équilibre qui fasse le salut de toutes nos libertés, et de toutes les communes libertés de tout le monde.

Le hervéisme est essentiellement le sabotage, un sabotage, un cas particulier de sabotage appliqué aux relations, aux fonctions, aux opérations internationales. Hervé dit sensiblement : Parce que la France n’a pas donné instantanément aux ouvriers un mystique régime de béatitude économique, politique et sociale (duquel régime les ouvriers auraient obtenu depuis cinquante ans tout ce qui est humainement saisissable s’ils ne s’étaient point mis à la remorque des politiciens et si eux-mêmes ils ne s’étaient point faits profondément