Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/49

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à considérer l’ensemble du marché, de combien le rendement qui intéresse le travail est inférieur aux flots qui alimentent la représentation. Loin qu’ayant alimenté la représentation les souscripteurs habituels se croient tenus d’autant plus, à plus forte raison, à nourrir le travail, ils arguënt, au contraire, de ce qu’ils ont dépensé en représentations pour ne pas dépenser en travail : Nous sommes épuisés ; il faut, vous le savez, contribuer tous les jours ; les occasions ne manquent pas. — Nous ne sommes pas les seuls à qui on ait accoutumé de tenir ce langage ; tous ceux qui ont voulu organiser du travail sans luxe, ni boniment, sans affectation, sans gloire, sans pose ni publicité, se sont heurtés aux mêmes refus, qu’ils voulussent faire des coopératives ou des écoles, des livres ou du pain, c’est-à-dire, en dernière analyse, quelles que fussent les coopératives de production qu’ils voulussent faire, car nous ne faisons rien jamais qui ne soit, en dernière analyse, de la coopérative de production ; et fabriquer des livres n’est pas moins indispensable que de fabriquer du pain ; aussi quand les initiateurs, quand les fondateurs, quand les gérants des institutions laborieuses, leurs démarches finies, et mal consommées, rentrent dans leur atelier, dans leur boutique maigre, et dans leur misérable bureau, vienne le même jour une occasion de grande liste, ils ont le même jour l’amère consolation de retrouver, affectés de coefficients variables, mais plutôt considérables, notés de sommes importantes, les noms de ceux qui se trouvaient trop pauvres pour fournir des moyens de travail. Et ce qu’il faut noter parce que c’est un événement considérable moralement, c’est que l’argent des pauvres se refuse