Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/492

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métal, un brisé décélateur de quelque appréhension sournoise. Et pourtant Spire appartient à la lourde aristocratie des artilleurs. Mais poète son souci de poète est resté entier, son métier est resté intact, sa technique est demeurée pure. Il n’a point cessé un seul instant, pour cela, d’avoir le même goût et le même soin et la même attention et le même souci aux mêmes rythmes, à la même technique, au même travail, au même métier, au même office. Il n’en a pas cessé un seul instant de s’appliquer autant à sa même technique de poète et à la même notation exacte des mêmes sentiments.

Ce qui l’intéresse, lui poète, et particulièrement en un certain sens poète social, ce sont des sentiments, ce sont ses sentiments, ce sont des efforts, c’est une action, et particulièrement ce sont des efforts sociaux. On me permettra, connaissant Spire comme on le connaît, de dire que c’est un peu et même beaucoup l’histoire de ses anciens efforts sociaux. Après comme avant il est le même. Nulle trace dans son œuvre d’une infiltration quelconque. Laquelle serait toujours, en dernière analyse, un symptôme de la peur, quelque infiltration de quelque peur.

Il ne dépend pas de nous que l’événement se déclanche ; nous sommes des petits seigneurs ; nous ne sommes à aucun degré du gouvernement ; et il est déjà beau et c’est déjà beaucoup que nous ayons l’impression que nous sommes assez bien représentés dans le gouvernement de la guerre et dans le gouvernement des affaires étrangères.

Il ne dépend pas de nous, il ne dépend pas même de notre peuple que l’événement se déclanche ; pour main-