Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/499

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rythmes nouveaux, de systèmes prosodiques, de techniques et de techniciens. Ma faible compétence est bornée aux questions de prose française. Et encore dans ces limites… Je suis ainsi mis dans l’impossibilité, à mon grand regret, de faire aujourd’hui mon office. Il faudrait introduire ici, ce serait le moment d’introduire les quelques poètes qui entrant successivement dans ces cahiers ont bien voulu y devenir nos collaborateurs attitrés : Pierre Baudouin, le plus ancien de tous, et le plus parfaitement ignoré, le récent Porché, Marix, enfin ce nouveau Spire. Ils nous parleraient avec de la compétence. Mais ils se battraient au bout d’un quart d’heure. Et ce serait dommage pour un jour de nouvel an.

Tout ce que je suis en situation de dire moi prosateur, c’est que la technique de Spire et son rythme reposent essentiellement sur le principe de ce qu’ils nomment la prononciation réelle ou la prononciation vraie, c’est-à-dire de la prononciation comme on prononce naturellement quand on ne fait pas exprès de prononcer parce que ce sont des vers et pour que ce soient des vers.

Ce que donne ce système, il ne m’appartient pas de le dire ; je puis parler, un peu et mal, de la technique ; je puis parler de la métrique et de la prosodie ; de la forme ; il y a de la loyauté à parler de la technique, nouvelle ; il y aurait de la grossièreté à parler de l’effet obtenu. Je ne l’ai jamais fait dans ces cahiers. Si ces vers n’étaient pas beaux, ils ne seraient point ici. J’ai dit que de les lire et d’accepter ce système, au moins provisoirement, pour le temps de la lecture, et sous bénéfice d’inventaire, on serait récompensé. C’est déjà de ma part, étant donné le langage que l’on parle ici, un grand engagement.