Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/169

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lement triomphante, à toutes les grandeurs de la terre. Il ne faut pas recevoir des justifications semblables, écrivait encore Bernard-Lazare, même et surtout quand elles sont données par Jaurès, car, au-dessous, d’autres sont prêts à les interpréter dans un sens pire, à en tirer des conséquences redoutables pour la liberté. Il énumérait, sur quelques exemples éclatants, dans un style éclatant, coupant, bref, quelques-unes de ces antinomies, les capitales, quelques-uns de ces antagonismes. Il te prévoyait, Bernus, et la résistance du peuple polonais aux exactions de la germanisation prussienne. Dès lors il écrivait en effet, et ces paroles sont claires, elles sont capitales, elles sont actuelles comme au premier jour : Si nous n’y prenons garde, demain on nous mettra en demeure d’applaudir le gendarme français qui prendra l’enfant par le bras pour l’obliger à entrer dans l’école laïque, tandis que nous devrons réprouver le gendarme prussien contraignant l’écolier polonais de Wreschen. Voilà l’homme, voilà l’ami que nous avons perdu. Il écrivait encore, et ces paroles sont à considérer, elles sont à méditer aujourd’hui comme hier, aujourd’hui comme alors, elles seront à méditer toujours, car elles sont d’une hauteur de vues, d’une portée incalculable : « Que demain on nous propose les moyens de résoudre la question de l’enseignement et nous les discuterons. Dès aujourd’hui on peut dire que le monopole universitaire n’en est pas la solution. Nous nous refuserons aussi bien à accepter les dogmes formulés par l’État enseignant, que les dogmes formulés par l’Église. Nous n’avons pas plus confiance en l’Université qu’en la Congrégation. » Mais il faut que je m’arrête